Toits en dents de scie, Charlie Chaplin prisonnier entre deux rouages, des cheminées qui fument… voilà quelques représentations que l’on se fait de l’industrie ! Elle est mal aimée et méconnue du grand public… Pourtant, nous sommes entourés d’objets industriels (voiture, maquillage, téléphone, plats cuisinés…) et il existe une imbrication croissante entre l’offre de biens et de services. Christel Bories, l’auteur du livre L’industrie racontée à mes ados…qui s’en fichent, aux éditions DUNOD, montre que ces images d’Epinal ne correspondent plus vraiment à la réalité du monde qui nous entoure. Ce livre présente dans un langage accessible aux lycéens, des données objectives pour éclairer le débat sur l’industrie et la compétitivité. Objectifs : en découdre avec les préjugés, les idées reçues sur ce secteur !
Et j’ai bien peur
Toute ma vie d’être incompris
Car aujourd’hui : je me sens…
Mal aimé
Pour être au parfum, voici un petit extrait du livre : « Mettons qu’une grande marque de luxe décide de créer et lancer un nouveau parfum. Ses services marketing vont définir en amont le type de parfum souhaité en fonction de leurs études et perceptions de la « demande ». À quelques exceptions près, les marques du luxe ne disposent pas en interne de parfumeurs qu’on appelle aussi des « nez ». La plupart d’entre eux sont en fait employés par les grands industriels de l’aromatique qui représentent une branche de l’industrie chimique. Ces industriels – qui, pour les plus importants, ne sont pas des entreprises françaises – vont réaliser le concentré de parfum sur la base du cahier des charges fourni par la marque. Pour ce faire, ils vont bien entendu utiliser des matières premières naturelles comme les fleurs, les plantes, les agrumes, les écorces de fruits, issus de l’agriculture, dont ils vont extraire l’essence grâce à différentes techniques. Mais ils vont aussi fabriquer de nombreuses molécules de synthèse issues de la chimie. Aujourd’hui, les parfumeurs disposent de 400 ingrédients naturels et d’environ 3 000 molécules de synthèse. Avec son orgue à parfums, le parfumeur réalise alors un savant mélange – le concentré – auquel seront rajoutés de l’alcool, des solvants et d’autres fixateurs, afin de le stabiliser et de pouvoir le fabriquer en grande quantité. En parallèle, la marque aura fait travailler quelques designers sur le look de son flacon ; ses acheteurs auront mis en concurrence des fabricants de flacons en verre et bouchons, des fabricants d’étiquettes et de boîtes en cartons, puis des sociétés d’embouteillage et de conditionnement. La marque n’aura plus alors qu’à s’occuper de mettre le produit sur le marché à travers son réseau de distribution et de concevoir des actions de communication à grande échelle avec l’aide d’une agence de publicité. Au bout du compte, notre marque de luxe n’aura strictement rien fabriqué, mais joué un rôle de maître d’ouvrage, orchestrant la coordination de différentes entreprises industrielles et de services, et de différents métiers, tels que créateurs,designers, marketeurs, chimistes, scientifiques, responsables de procédés industriels, acheteurs, etc.
Si les apparences
Sont quelquefois contre moi
Je ne suis pas ce que l’on croit…
Machisme, pollution, pénibilité du travail… les thèmes sont abordés et discutés sans tabou et illustrés par des dessins malins. Voici quelques exemples d’idées reçues (ou pas…) :
- « Il n’y a pas beaucoup de filles dans l’industrie »
Industrie : mot féminin composé de 72 % d’hommes !
- « On peut très bien vivre sans l’industrie »
75% de nos exportations sont des biens industriels. Sans une industrie compétitive, la France ne peut pas financer ses importations
- « L’industrie, c’est pour les mauvais élèves »
En 25 ans, les effectifs ingénieurs et cadres ont plus que doublé tandis que le nombre d’ouvriers non qualifié à diminué de moitier
J’ai besoin qu’on m’aime
Reste à savoir si ce sont les parents ou les ados qui liront ce livre ! Christel Bories a fait sa carrière dans l’industrie. Elle est aujourd’hui vice-présidente de La Fabrique de l’industrie, think thank indépendant dédié aux enjeux industriels. Illustrations de Rachid Marai
