Le cigare français : petit Poucet dans le monde du Havane

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Si je vous dis cigare « Made in France », vous allez me répondre « Tu as fumé ! Encore un produit marketing qui abuse de l’étiquette frenchy ». Dans la bastide de Navarrenx, charmant village médiéval du Béarn, on a rencontré l’équipe franco-italienne-cubaine de Cigare Navarre, des amoureux du cigare qui ont décidé de produire un cigare 100 % français. Un savoir-faire unique que Thierry Frontère a su perpétuer et que j’ai plaisir de vous présenter.



Le Béarn : un terroir qui fait un tabac

A l’instar d’un grand vin, le choix du terroir est fondamental pour la mise en culture du tabac. Il faut qu’il y ait une bonne combinaison entre les spécificités du substrat, le climat (température, ensoleillement, taux d’hydrométrie…) et la qualité de l’eau. L’objectif étant de produire du tabac dont les qualités de la feuille sont différentes (plus bas vous comprendrez pourquoi). Ainsi, le Béarn mais aussi d’autres coins de France comme le Lot sont des territoires propices à la pousse du tabac.

L’abécédaire du cigare

Cigare : le mot vient de l’espagnol Cigarro qui pourrait venir du Maya zicar. Les premières graines de tabac furent introduites en Europe en 1559. La tripe (la tripa) : c’est l’intérieur du cigare, composé de plusieurs feuilles (le volado, le seco, le ligero). Il définit la puissance, la saveur et l’arôme du cigare. Composé de différentes qualités de feuille, chaque maison à son secret de fabrication… La sous-cape ou capote (el capote) : c’est la feuille qui enroule la tripe afin de bien la maintenir. La cape (la capa): c’est l’enveloppe du cigare qui détermine sa beauté (aspect et couleur) Les trois tiers d’un cigare : le foin, le divin, le purin !

La maison du cigare : à la recherche du cigare parfait

De la mise en culture du tabac au roulage, le cigare nécessite 300 étapes avant d’être fumé. Culture, ramassage, humidification, séchage, fermentation, triage des feuilles sont les premières étapes décisives réalisées dans le Béarn. Si vous avez l’occasion de vous balader dans ce jolie coin, vous verrez de nombreux champs de tabac (pour changer du maïs) autour de Navarrenx et peut être Christophe dans ses champs !



Des rouleuses cubaines prennent ensuite le relais. J’ai dit Cubaine, pas à Cuba ! Sur place, dans l’ancienne caserne des mousquetaires datant de 1537, vous pourrez observer le travail des torcedoras. J’ai adoré cette ambiance improbable dans l’atelier où une bonne musique cubaine rythme le pas des visiteurs (et les mains des rouleuses). Le parcours de la visite commence par une partie musée où vous pourrez en apprendre davantage sur le tabac, son origine, l’histoire du tabac dans le Béarn, sa culture et sa transformation. Puis, dans une petite cour intérieure, vous pourrez toucher et sentir quelques plants de tabac avant de découvrir le « clou du spectacle » : les rouleuses. Une petite vidéo retrace tout le processus de transformation du cigare. Très intéressante !

Abre Que Voy Salsa Cubana

Ces deux rouleuses ont quitté leur pays pour venir rouler des cigares à Navarrenx. Etre rouleuse est visiblement très compliqué. Il ne suffit pas d’une bonne école de roulage de cigares à Cuba pour devenir une super rouleuse. Des années d’expériences sont nécessaires si l’on veut des cigares bien réguliers, à la bonne taille, au bon poids et un bon mix entre la cape et la tripe. Pour devenir « maître » en la matière, il faut au moins 20 ans d’expérience et plus on est expérimenté, plus on roulera de longs cigares. Vous l’avez compris la fabrication d’un cigare est manuelle et elles utilisent uniquement quelques outils : la table à rouler, un (gros) couteau (chaveta), des moules, une guillotine et une presse.

Le mythe de l’opéra Carmen de Georges Bizet : les cigares seraient roulés sur les cuisses

Installées sur de petits bureaux en hêtres de la forêt d’Iraty, Delma et Olga produisent des robustos et des coronas au parfum doux et aromatique. Chacune peut produire jusqu’à 125 cigares par jour donc autant vous dire qu’il faut avoir le geste ferme et précis. Cigare Navarre a reçu le label Entreprise du Patrimoine Vivant pour son savoir-faire rare et exceptionnel. Aussi, je vous recommande chaudement de passer par Navarrenx pour découvrir cette formidable aventure et ce savoir-faire exceptionnel.

Ne mégotez pas

Amateur de cigare ou pas, libre à vous de voir si vous repartez avec un échantillon de produits de la Maison.

Mais attention, il ne faut pas fumer le cigare comme un jeune padawan (oui oui, la sortie du prochain film approche) :

  • Après avoir choisi votre cigare (là, je ne prononce pas)… mais pour votre info voici au moins un schéma avec les noms des cigares (si c’est la forme qui vous guide dans votre choix)
  • Il ne faut pas avoir inventé le fil à couper le beurre mais quand même : avant de l’allumer, il faut le couper (on parle bien de la tête du cigare, le bout rond et non l’inverse – la confusion arrive régulièrement visiblement) et selon la taille de l’orifice du trou que vous ferez, cela influera sur le goût de votre cigare
  • N’allumez pas un cigare n’importe comment (même si ce n’est pas non plus la cérémonie du thé au Japon) : avec un briquet neutre (Zippo, allumette… donneraient un goût au cigare) ; vous pompez et vous tournez le cigare en même temps
  • Ensuite, il faut prendre son temps et ne pas pomper (tirer c’est pour la cigarette) comme un dingo sur le cigare (comme Tabatha Cash sur Rocco – désolé pour la référence mais visiblement il y a une scène mythique qu’il n’est surement pas nécessaire d’aller regarder pour comprendre l’idée)
  • Une fois terminé (si vous y arrivez), il ne faut pas l’écraser comme une vulgaire clope (ou alors cela fera apparemment l’effet de l’ail sur vos doigts).

Faire le plein à Navarrenx

Je vous recommande ensuite de ne pas quitter le village trop vite. Navarrenx est l’un des plus beaux villages de France, vous y ferez bien un tour : c’est rapide, il y a 4 rues à parcourir. Commencez par une petite balade sur les remparts de la ville (qui sont plus longs que ceux de Carcassonne). Puis, arrêtez-vous chez Casamayou pour faire le plein comme nous de délicieux produits du terroir comme la Garbure pour 8 personnes, l’andouille Béarnaise séchée, l’axoa de veau… MIAM tout est excellent !

Petit quizz : le cigare pour les nuls

Si vous êtes d’humeur joueuse, vous pouvez tenter ce quizz pour tester vos connaissances sur la fabrication du cigare. 6 bonnes réponses pour moi, qui fera mieux ? Cliquez ici 🙂

Merci à Cristel et Luca pour leur accueil et leur patience car vraiment, on partait de loin pour cette visite guidée. Cuba n’a qu’à bien se tenir ! #CuBearnDerouleSonSavoirFaire Ce site ne fait ni la propagande ni la publicité, directe ou indirecte, en faveur du tabac. Fumer nuit gravement à votre santé ainsi qu’à celle de votre entourage.

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J'ai le plaisir de vous faire découvrir les savoir-faire français au travers de mes reportages et interviews. Je me laisse porter par ce que m'inspirent mes rencontres, mes échanges. J'adore les vieilles boites, qui ont de belles anecdotes à raconter. J'aime le subtile mélange entre tradition et modernité ! J'apprécie l'engagement des hommes et des femmes qui ont décidé de fabriquer en France...

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