Ça bulle grave à Marseille : visite de la savonnerie du fer à cheval

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Le savon de Marseille, c’est le cube vert qu’utilis(ai)ent les anciens pour laver le linge. Il évoque la Provence et son soleil. Bien plus qu’un trésor populaire ou historique, il se vend dans le monde entier et revient à la mode en France. Marseille a été LA capitale mondiale du savon mais aujourd’hui, les savonneries traditionnelles se font rares. Nous vous proposons de découvrir la plus ancienne des savonneries de Marseille encore en activité : la Compagnie des Détergents et du Savon de Marseille qui produit notamment le savon vendu sous la marque « Le Fer à Cheval ».

L’industrie du savon de Marseille remonte à l’an pèbre*

* Le Parler Marseillais : l’an pèbre, littéralement, an pèbre, « l’an poivre » en provençal. Définit un temps très lointain. Le savon d’Alep (Syrie) est à l’origine du savon de Marseille. Ce sont les croisades qui permirent de transmettre le mode de fabrication du savon aux habitants de la cité phocéenne. Les manufactures de savon sont apparues au 12ème siècle. Les experts estiment que la ville produisait 20 000 tonnes de savon en 1660. Le nom « savon de Marseille » se banalise petit à petit, on en importe (car la production marseillaise est insuffisante) et on en exporte dans toute l’Europe. En 1900, près de 60 % de la population marseillaise était employée dans les 130 savonneries de la ville. C’est l’âge d’or de la production du savon de Marseille puisqu’on estime que la production de savon a atteint 180 000 tonnes au début du 20ème siècle. La première guerre mondiale fera chuter la production. Elle reprendra de plus belle entre les deux guerres et malheureusement un chamboulement viendra changer la donne : à qui doit-on passer un savon ? Aux détergents de synthèse…

La savonnerie Le Fer à Cheval : une visite qui n’est pas réné*

* Le Parler Marseillais : réné s’emploie pour qualifier quelque chose de « has been ». Peut aussi qualifier quelqu’un d’abruti. Installée depuis 1856 à Sainte Marthe, la savonnerie est l’une des plus anciennes savonneries de la ville. Son nom a changé au fil du temps cependant, en arborant à nouveau son premier nom de marque « Le Fer à Cheval » (porte bonheur ?), l’entreprise affirme la fierté de ses origines. Emilie vous en racontera l’histoire, vous plongera dans les racines marseillaises pour vous révéler des secrets que seuls quelques anciens connaissent encore. La savonnerie vous ouvre ses portes pour vous faire découvrir son savoir-faire ancestral ainsi que les secrets de fabrication du vrai savon de Marseille. « Ici, on fabrique le savon de Marseille dans la plus pure tradition : huile végétale et soude mijotent dans les 8 chaudrons pendant des jours sous le regard bienveillant de Michel, le maître-savonnier ». L’odeur, la couleur, la texture et le bruit des bulles sont les principaux indicateurs permettant de savoir si le savon est prêt à se faire modeler. Michel vous parlera des murmures du savon…

Le petit musée qui est installé dans une ancienne salle de séchage vous permettra de découvrir les vieilles machines et les outils utilisés pour fabriquer le savon de Marseille.

10 jours, 5 étapes, un cube à 6 faces

Quelques termes barbares permettent de décrire le procédé de fabrication du savon de Marseille.

  • L’empâtage est la réaction chimique qui transforme avec l’action de la soude et de la chaleur l’huile végétale en savon.,
  • La cuisson à 120°C l’achève.,
  • A l’aide de l’eau salée la soude en excès est retirée du savon (relargage).,
  • Le lavage à l’eau permet de supprimer les impuretés.,
  • La liquidation achève le job : le savon est maintenant lisse et « extra-pur ».

La pâte à savon est ensuite transformée dans l’atomiseur afin de passer de l’état liquide à l’état solide. Les boudineuses lui mettent la « tête au carré » avant que le produit final ne soit estampillé.

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Le savon de Marseille rose, qui sent la lavande ou qui reste brillant pendant des années, cela n’existe pas !

Emilie vous le confirmera « un vrai savon de Marseille n’a ni colorant, ni conservateur, ni parfum ». Sa couleur dépend de l’huile utilisée : il sera vert si on utilise l’huile d’olive et beige si on utilise l’huile de palme. Il n’y a qu’à lire l’étiquette pour faire le tri. A une autre époque, on utilisait de la graisse animale provenant des abattoirs de la ville pour produire ce savon. L’odeur de la graisse animale pouvant faire câner* les citadins qui vivent fenêtres ouvertes l’été, la ville de Marseille avait interdit aux savonneries de produire du savon de Marseille l’été ! Ambiance… Pour des raisons pratiques et à la demande des consommateurs, les savonneries ont modifié leur formule initiale afin de remplacer la graisse animale par de la graisse végétale. * Le Parler Marseillais : câner, être dans un état de fatigue avancé, proche de la mort (exagération marseillaise).

Le procédé marseillais VS le savon dit de Marseille

Aujourd’hui, pensez-vous que tous les savons de Marseille sont fabriqués à Marseille ? Hélas non ! La savonnerie lutte afin qu’une appellation IGP (Indication Géographique Contrôlée) soit attribuée afin de pouvoir guider le consommateur vers le savon fabriqué à Marseille et suivant le procédé marseillais.

Des consommateurs et des secrets

En Afrique, le savon de Marseille est utilisé comme un produit du quotidien servant à laver et à se nettoyer. A l’inverse, en Asie, le savon de Marseille est reconnu comme un produit de luxe. Tous seront néanmoins d’accord pour reconnaître les vertus de ce savon pour le ménage, la vaisselle, la lessive et même pour la toilette afin de remplacer le dentifrice et le shampoing.   Bernard que nous avons rencontré pendant la visite nous a même avoué qu’il suffit d’un savon glissé au fond de son lit pour que les crampes disparaissent. Croyance populaire ?

Pour aller plus loin…

ComptoirDesEntreprises vous recommande chaudement la visite de la savonnerie Fer à Cheval. Une fabrique à l’atmosphère typique et une visite 100 % décontractée. Ne bullez plus au Vieux Port et venez découvrir pourquoi un savon si gras n’est pas gras à l’usage…

En savoir plus…

Générik Vapeur, lance l’idée d’une clepsydre (horloge mesurant le temps par un écoulement d’eau) en savon de Marseille monumental – Marseille Capitale Européenne de la culture en 2013

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