Nous avons eu la chance d’être invités à visiter l’atelier de la Maison Fabre, célèbre ganterie de la ville de Millau. Nous avons aujourd’hui envie de partager cette visite avec vous et de vous expliquer pourquoi vous ne pouvez pas rater ça ! Voici donc notre débrief de la visite de la Maison Fabre, mieux vaut Tarn que jamais !
Un peu d’histoire pour commencer…
La ganterie Maison Fabre, c’est avant tout une histoire de famille. En 1924, alors qu’il existe déjà 70 ganteries dans la ville de Millau, Etienne Fabre décide d’ouvrir son propre atelier. A cette époque, comme c’est encore le cas aujourd’hui, Millau est la capitale du gant grâce à la présence des rivières nommées Le Tarn et La Dourbie. Si vous ne voyez pas le rapport, attendez, vous allez comprendre ! Le Tarn attire les éleveurs car les points d’eau permettent aux animaux de s’hydrater et même de se nourrir. Les mégisseries sont donc plus facilement approvisionnées en cuir, matière indispensable pour produire des gants. CQFD. Etienne Fabre développe petit à petit son activité et se spécialise dans le gant blanc. En 1940, la ganterie décide de fermer pendant la guerre, elle ré-ouvrira en 1946. En 1947, quand son fils Denis reprend l’entreprise familiale, la couleur entre dans l’atelier et les modèles se diversifient. C’est sa femme, Rose qui va travailler à faire connaitre les gants dans le monde à travers ses voyages et en travaillant pour des grandes maisons de mode. Elle transforme cet accessoire utile en un véritable accessoire de mode, raffiné et élégant. On imagine, cette femme active et relativement en avance pour son temps, voyager à travers le monde pour faire découvrir ses collections et développer son entreprise et ça, chez Comptoir Des Entreprises, on adore ! #LesFemmesLibérées Dans les années 1970 à 1990, l’entreprise connait une nouvelle phase difficile due à la crise et c’est le fils de Denis et de Rose, Louis, qui va avoir l’idée de diversifier la gamme avec une première ligne de maroquinerie. En 1998, Olivier Fabre, quatrième génération, rejoint l’aventure au côté de son père et de son frère. Il quitte son école de journalisme et se plonge dans l’ADN de la maison familiale. Il fouille, retourne tous les cartons, cherche d’anciens modèles, d’anciens patrons, des idées, des matières, des accessoires, et ce pendant 2 ans. Il en tire une collection et commence à faire quelques salons puis il se fait une place dans les grands salons et développe des partenariats avec des artistes et maisons de mode. Aujourd’hui, la Maison Fabre est l’une des dernières ganteries de Millau et Olivier Fabre et son équipe travaillent pour les plus grands et peuvent se vanter d’avoir créé des modèles pour Nicole Kidman dans Grace de Monaco ou pour Sharon Stone et beaucoup d’autres personnalités… On vous laissera en découvrir davantage lors de la visite pour ne pas tout vous dévoiler tout de suite… Suspense !
Que la visite commence !
En arrivant, coup de pouce chance, nous sommes accueillis par Olivier Fabre en personne, qui n’a pas pour habitude de faire les visites lui-même mais qui accueillait ce jour-là, des élèves d’une école d’art, l’ENSAD Paris (École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs) avec le soutien de la Fondation Bettencourt Schueller. Il nous invite à nous glisser dans l’atelier et commence à nous raconter l’histoire de son entreprise.
Devant la table de coupe, il nous montre toutes sortes de modèles, dont le fameux gant de Nicole Kidman, réalisé pour le film Grace de Monaco. Il nous explique le métier de coupeur de cuir, un métier physique et technique et nous montre également des patrons de gants, utilisés pour différents modèles. Nous glissons nos mains dans de jolies paires pour avoir la classe jusqu’au bout des doigts et on s’y croit déjà. On se prend presque pour des célébrités et on observe joyeusement nos mains vêtues des créations de la maison.
Puis Olivier nous présente les matières utilisées et nous invite à les toucher pour que nous nous rendions compte des différences entre tous ces cuirs soigneusement sélectionnés par la Maison Fabre. Des doux, des moins doux, des colorés, des naturels, des fins, des moins fins… Pour seule caractéristique commune, la souplesse. Et oui ! Une fois le gant enfilé, on doit pouvoir bouger la main et utiliser nos 10 doigts, c’est ce qui fait toute la complexité de ce charmant accessoire. Certains cuirs sont vraiment doux et on a du mal à les lâcher. La peau de crocodile, en revanche, c’est moins doux, mais très joli ! Dans notre tête, on imagine déjà notre propre gant, en choisissant les matières, en visualisant les détails. On est à deux doigts de demander à Olivier de nous prendre comme apprentis dans son atelier, pour apprendre à designer des gants !
Olivier Fabre est passionné par son métier et nous raconte plein de petites anecdotes que nous vous laissons découvrir par vous-même si vous décidez de lui rendre visite. Pour les “actus people de la Maison Fabre”, vous pourrez poser vos questions lors de la visite car la liste serait bien trop longue à faire ici. Bon allez, on ne tient pas, on vous raconte juste une petite anecdote !
Saviez-vous qu’il y avait une bourse du cuir ? Et oui ! Si on mange plus d’agneau par exemple, on a plus de peau et donc le cuir devient moins cher. En revanche, le coyote est très cher car non seulement c’est une espèce protégée mais en plus son poil est très à la mode en ce moment !
Ensuite, nous avançons dans l’atelier et nous nous dirigeons vers la machine de coupe. Là, nous avons le droit à une démonstration. Monsieur Fabre prend un calibre, des morceaux de cuir, place le tout dans la presse, sous une planche de bois et la laisse faire son travail. [ Tiens, tiens, on a déjà vu ça quelque part ! Mais oui, mais c’est bien sûr ! Dans l’atelier Legeron, ils en avaient une similaire pour faire leurs fleurs ! ] En ressort le cuir, coupé et prêt à être cousu. Simple et traditionnelle, cette presse est un petit bijou historique qui ajoute un charme fou à cet atelier. Cela tranche avec les machines modernes qui n’ont malheureusement pas autant de charme !
A ce stade, le gant passe entre les mains des couturières que nous avons la chance de voir à l’œuvre. L’une assemble les différentes parties du gant ensemble tandis qu’une autre s’occupe d’ajouter des décorations à un gant presque déjà prêt. Elles aussi travaillent avec des machines à coudre tout à fait traditionnelles et font même certaines choses à la main. C’est un travail minutieux qui demande une grande concentration et elles sont toutes plongées dans leurs fils et aiguilles, mais discutent volontiers avec nous pour nous apporter quelques précisions. C’est sympa de pouvoir discuter avec les couturières, on est vraiment au plus près du métier et d’ailleurs, on se verrait bien gantiers nous aussi !
Mais soudain, au fond de l’atelier nous apercevons d’étranges outils. Des mains en fer avec des fils, reliés à une prise. Olivier nous explique. En fait, ce sont des sortes de fers à repasser pour gants ! Une fois terminé, le gant est enfilé sur ces mains puis chauffé pour son dressage. Le voilà fin prêt à rejoindre une main à réchauffer pour l’hier.
Ce jour-là, nous avons eu la chance de faire la visite avec des étudiants de l’Ecole d’Art, l’ENSAD Paris, comme nous vous le disions un peu plus haut. A la fin de la visite (exceptionnelle, il faut l’avouer puisque ça n’arrive pas tous les jours), les étudiants ont proposé à Olivier Fabre, quelques croquis et créations chacun. Nous avons donc assisté à cette présentation et il faut admettre que ces jeunes gens avaient du talent ! Monsieur Fabre a pris le temps de donner son avis pour chaque proposition et de leur apporter ses précieux conseils. Le lendemain, ils allaient pouvoir se lancer dans la création de ces modèles avec les équipes de la Maison Fabre… Quelle chance ! De notre côté, nous nous glissons dans la boutique où nous découvrons la collection actuelle. Les créations sont toutes plus belles les unes que les autres et certaines paires nous tendent la main. A vous de voir si vous craquerez !
En résumé, ce que nous avons aimé…
En résumé, Monsieur Fabre est un très bon orateur et il nous emporte avec lui dans l’histoire de son entreprise. Nous voyageons dans l’atelier, dans l’histoire et dans les différentes phases de la mode. C’est appréciable de pouvoir parler avec les employés de la maison et de véritablement les voir à l’œuvre. Les anecdotes sont nombreuses et nous savons tout sur le gant et la Maison Fabre en repartant. Il s’agit d’une vrai visite d’atelier avec de vraies démonstrations. Même si ce n’est pas Monsieur Fabre en personne qui s’occupe de la visite en général, cette visite reste un incontournable et nous apprend vraiment l’essentiel sur la Maison Fabre, son savoir-faire et sur l’art de la confection du gant. Vous aussi vous avez fait cette visite ?? Donnez-nous vos impressions dans les commentaires !
